Cérémonie de Décines 2014
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Un petit chapiteau installé par la municipalité fût le bien venu vu les caprices de la météo en cette période, pour cette cérémonie du souvenir.
Toujours accueillie par une nombreuse assistance, parmi elle, la présence de la famille Bertrand, de plusieurs élus locaux et de représentants d’associations d’anciens combattants et résistants avec leurs drapeaux. Le chant des Partisans a ouvert cette commémoration.
Après l’appel aux morts, le dépôt de gerbes et la minute de silence, Madame Bénédicte Chollet Secrétaire du comité ANACR Décines – Meyzieu a prononcé une allocution. Puis Monsieur Affre Président du même comité a lu la dernière lettre d’Émile Bertrand écrite à sa maman avant d’être guillotiné.
La Marseillaise a clôturé cette émouvante cérémonie.
Pour l’Amicale, le drapeau a été présenté par Mr. G. Rossi, la gerbe déposée par Mme Chadebech et Mr. C. Matéo.
Discours pour la cérémonie en hommage aux frères Bertrand 3 novembre 2014 – Comité ANACR Décines-Meyzieu
Nous sommes réunis aujourd’hui, comme chaque année, devant la tombe de la famille Bertrand qui a versé un lourd tribut lors de la guerre mondiale de 1939 à 1945.
En ce 3 novembre, nous avons une pensée particulière pour Emile Bertrand qui, avec Auguste Gagneux, Pierrot Blanc et Olga Blanc sa fiancée, avait créé un groupe de Résistants F.T.P.F en janvier 1943.
Ce groupe de Résistants, appelé Groupe « Guy Môquet » effectua sur l’est lyonnais, de nombreuses et périlleuses actions contre les Nazis et les miliciens de Pétain : déraillements, sabotages de toutes natures… nuisant ainsi à la machine de guerre nazie.
Ce groupe a mené des actions communes avec la M.O.I. et réciproquement. Il comptait environ 40 combattants Résistants au printemps 1943.
Emile Bertrand fut arrêté le 6 octobre 1943 au « Moulin à vent », dans le bureau de poste où travaillait sa sœur Virginie. Incarcéré et torturé à la prison St Paul de Lyon par des collaborateurs français à la solde des nazis, il fut condamné à mort par un juge français le 25 octobre 1943, puis guillotiné le 3 novembre à la prison St Paul.
Quelques heures avant de mourir, il écrivait une lettre à sa mère et à sa fiancée. Il laisse ces deux pauvres femmes dans un chagrin profond.
Voici cette lettre :
« Ma chère maman, ma chère Olga,
L’heure fatale est arrivée. Je vous quitte. Je viens d’entendre la sainte messe et j’ai communié.
J’ai retrouvé le chemin de Dieu et je meurs avec confiance.
Quelle douleur pour vous deux ma chère maman et toi qui était plus que ma fiancée, déjà ma femme.
Mes dernières pensées auront été pour vous deux. Ne pleurez pas trop, pensez que je suis mort en Français, en Communiste et aussi surtout en Chrétien.
Soyez les messagères auprès de tous ceux que j’aime pour leur porter mon dernier souvenir, mes derniers baisers.
Ne vous laissez pas abattre, j’ai eu conscience de faire mon devoir.
Je regrette seulement d’avoir tué.
Pardon maman pour cette grande peine. Sois courageuse Olga. Je vous aime du fond du cœur.
Je vous embrasse bien, bien tendrement, comme je vous ai toujours aimées. »
Son frère Jean-Louis Bertrand avait combattu en Espagne, au sein des Brigades Internationales. Il s’était engagé dans la Résistance, aux maquis de l’Azergues, pour lutter contre le fascisme de Vichy, complice d’Hitler.
A la suite des combats de Montchal dans la Loire, au lieu-dit « le Magat », contre la milice et les gardes mobiles de l’Etat Français, commandés par le préfet de la Loire, il décède le 19 mars 1944 avec dix de ses compagnons Résistants, après plus de 7 heures de combats.
Sa femme Odette se retrouva seule, dans une grande tristesse, avec ses deux petites filles, Danièle et Mireille.
Ces deux héros de la Résistance reposent aux côtés de leur sœur Virginie, qui fut elle-même condamnée aux travaux forcés en raison de ses actions dans la Résistance.
Leur frère Xavier, qui avait lui-aussi participé à la Résistance dans les maquis de l’Ain, est mort quelques années après la libération de la France.
Nous avons ici, l’exemple des chagrins, des peines et des tristesses qui ont frappé un grand nombre de familles françaises durant cette période de misère.
Combien de mères comme Mme Bertrand ou de femmes comme Olga, n’ont même pas reçu de lettre d’adieu de leurs fils, de leurs frères ou de leurs compagnons, qui avaient mis plus haut que tout, le combat qu’ils avaient entrepris pour la liberté.
Nous tenons aujourd’hui a porter hommage à toutes ces femmes, qui ont souffert dans leur propre chair et ont montré énormément de courage pour continuer à vivre en supportant leur peine terrible. Elles ont continué à donner amour et affection à ceux qui en avaient besoin. Elles avaient l’espoir d’une société enfin heureuse et juste.
Pour ces personnes, notre association poursuit son travail de mémoire auprès de la jeunesse et nous demandons à tous de brandir le drapeau de la PAIX pour qu’enfin les conflits mondiaux cessent.