ALIGNE Jean

mercredi 25 novembre 2015
par  webmestre

Naissance : 5 août 1920 à Lyon (Hôpital Hôtel Dieu).

Ses parents tous les deux originaires de Claveisolles, habitent à Vaise.
Son père est cheminot.

Scolarisé à l’école publique de Vaise, il obtient le certificat d’études en 1932.

En 1932 déménagement de la famille pour aller habiter dans le quartier des États-Unis à Lyon.

Apprentissage en ébénisterie, puis petits boulots dans la pâtisserie et finit par travailler chez Berliet...

Chantiers de jeunesse en Haute-Savoie à Rumilly.

Pratique de nombreux sports : course à pied, vélo, football

Mars 1943 : Maquis vallée d’Azergues (Camp Vendémiaire à Claveisolles, nom de Maquis « Louis Vincent »).

Automne 1943 : rencontre avec sa future épouse Jeannette.
Janvier 1944 : mariage à Claveisolles.
Naissance de 2 enfants (Janine 1944 et Daniel 1946).

Après la guerre la famille s’installe à Claveisolles. Ils ouvrent une quincaillerie puis achètent l’hôtel-restaurant « Hôtel du Nord » sur la place du village.

Dans le même temps il sera courtier en bois et représentant en vins... Il prend sa retraite en 1980.

Très attaché à Claveisolles, amoureux des bois et de la nature (cueillette de champignons, pêche à la truite, chasse...).

Décès 24 avril 2003. Son épouse reste dans leur maison jusqu’à son décès le 17 juin 2008.

Discours de René CARRIER lors des funérailles de Jean ALIGNE

Jean ALIGNE

Jean ALIGNE n’est plus.

Son décès est ressenti avec une peine profonde par tous ses camarades de la résistance.

C’est un grand patriote qui vient de nous quitter.

Il fallait en effet beaucoup de courage et de patriotisme pour créer le 6 mars 1943 avec ses amis A. FONLUPT et J.H. THEVENON un maquis dans cette région de CLAVEISOLLES dont il allait devenir le premier responsable.

Il s’agissait là, en effet de l’un des premiers maquis de FRANCE, car ceux-ci ne furent créés qu’à compter du début de 1943.

Il fallait par conséquent tout apprendre de cette vie clandestine si difficile. Il fallait acquérir les aptitudes nécessaires pour gérer une telle formation.

Ceux de notre génération se souviennent que la réalité quotidienne s’inscrivait alors dans les communiques tapageurs de l’armée Allemande et dans les émissions de la B.B.C. perturbées par les stations de brouillage.
Elle s’inscrivait également cette réalité dans les restrictions contraignantes subies par la population ainsi que dans les terribles épreuves supportées par ceux qui voulaient lutter contre l’occupant et qui chaque jour tombaient sous les coups d’un ennemi implacable.

Le mérite de Jean ALIGNE a été :

  • d’organiser, de tisser des rapports étroits avec la population patriote de ce secteur, notamment avec les agriculteurs qui lui fournissaient la nourriture indispensable
  • d’établir des liens de confiance et de collaboration avec la gendarmerie de LAMURES dont le chef était le brigadier FUCHEY ainsi qu’avec les groupes de résistance affiliés à l’armée secrète dirigés à LAMURES par Charles MORTAROTTI et à GRANDIS par Georges FILLON.

IL se préoccupera également et très activement de doter son unité de l’armement qui lui est indispensable.
Jean Aligne a appartenu au mouvement du coq enchaîné dont un des mérites a été de récupérer de l’armement abandonné par notre armée qui faisait retraite.
C’est ainsi qu’il pourra provisionner son unité - le camp Vendémiaire d’une quantité d’armes importante pour l’époque dont plusieurs fusils mitrailleurs et une mitrailleuse HOTCHKISS.
Et bientôt, ce maquis va réaliser des opérations de sabotage sur les voies ferrées dans l’Azergues et dans les secteur de CHAUFFAILLES et de la CLAYETTE.
Il est évident que son action allait alerter les forces d’occupation qui mettent tout en œuvre pour le localiser.
Elles sillonnent la région, ulcérées de voir nos routes et nos voies ferrées contrôlées par la résistance.
Elles repèreront d’abord la maquis A.S. de BEAUBERRY cantonné en Saône et Loire qu’elles attaquent le 11 novembre. Cette unité perdra 20 hommes, des tués, d’autres capturés et fusillés ultérieurement.
Elles vont alors, ces unités Allemandes, rechercher et s’en prendre aux maquisards de l’AZERGUES, et par conséquence au camp F.T.P.F. VENDEMIAIRE qui est le plus important en effectifs.
Celui-ci, qui s’est développé considérablement puisqu’il atteindra au mois de décembre 150 hommes, connait évidemment des difficultés pour les nourrir et pour respecter les règles strictes de sécurité qui s’imposent.
Il devra tout d’abord abandonner le secteur de CLAVEISOLLES pour celui de SAINT BONNET DE TRONCY.
Mais le réseau de relations qu’à mis au point Jean ALIGNE va fonctionner. Et le 10 décembre la gendarmerie de LAMURES le préviendra d’une attaque imminente.
Et c’est ainsi que le 11 décembre les unités Allemandes ne trouveront qu’un cantonnement évacué.
Furieux, ils arrêteront monsieur CHARMETTE - maire de SAINT BONNET, 11 de ses administrés ainsi que le gendarme MARTIN de LAMURES.
Tous seront hélas déportés - dont 4 seulement rentreront de déportation.
Les Allemands brûleront et pilleront plusieurs fermes.

Il n’est dans l’immédiat plus possible de réorganiser un maquis dans cette région étroitement surveillée par l’ennemi.
Les membres de Vendémiaire se dispersent, certains rejoindront d’autres maquis, d’autres des groupes de ville.

Dès le retour dans la Vallée à la date du 1er mai du camp DESTHIEUX qui est le second maquis organisé dans l’Azergues et qui a cantonné durant l’hiver dans les monts de TARARE, Jean ALIGNE se met à sa disposition. J’en suis le témoin.
Il lui sera demandé de constituer un groupe de résistants sédentaires à Claveisolles et il sera associé à l’état-major du camp, aux décisions duquel il prendra part.
Il allait participer à différentes opérations de sabotage, aux combats qui eurent lieu dans le secteur Ouest du département du Rhône et à ceux qui aboutiront à la libération de Lyon.

Il faut se souvenir que Jeannot était alors marié. Et pour affronter les risques qu’il acceptait alors de prendre après ceux qu’il avait antérieurement couru, il lui fallait non seulement du courage, mais aussi obtenir la compréhension de son épouse (notre chère Jeannette) qui se préparait à un début de vie conjugale difficile, marqué par l’inquiétude qui était la sienne chaque fois qu’il s’absentait et que cette absence se prolongeait sans explications.
Jeannette, comme les épouses de nos camarades chefs de famille a donc été impliquée dans nos activités résistantes.

Jean ALIGNE était un homme de caractère, mais il possédait des qualités de générosité reconnues par tous ceux qui le connaissaient.
Car cet homme au grand cœur a toujours été disponible pour rendre service à son prochain et aider ses amis.

Je voudrais également souligner que le forestier qu’il était, a été comme tous ses confrères très affecté par les terribles dégâts causés par la tempête dans les belles forêts de cette région qui ont toujours et auront encore, hélas ! des conséquences regrettables autant que durables.

Cela dit, je veux rappeler que les circonstances particulières que nous avons vécues et notre engagement commun font que l’amitié qui s’était nouée entre nous à cette époque ne s’est jamais démentie.
Nos rapports étaient restés étroits et je perds aujourd’hui un ami - un frère.

Au nom de tous ses camarades de la résistance, je présente à notre chère Jeannette, à Jeannine et à Bernard, à Daniel et à Marianne, à ses petit-enfants et arrière petit-enfants que Jeannot chérissait tant, à tous les membres de sa famille nos condoléances très attristées, et les embrassons tous très affectueusement.

Le souvenir du grand patriote qu’à été Jean ALIGNE restera à jamais vivant dans nos mémoires et dans nos cœurs.


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