Épisode de la libération d’Oullins (69)
par
Témoignage de M. Robert RASSIER (pseudo Charles Lavigère)
Lieutenant Colonel en retraite
Chevalier de la légion d’honneur, Croix de guerre 39/45 avec étoile Argent au titre de la résistance ainsi que la médaille des Blessés et celle des évadés les autres concernent mes campagnes outre mer 25 années de services fin de carrière Lieutenant Colonel.
Nommé Sous Lieutenant en titre F.F.i. par le Général de Lattre puis Sous Lieutenant de réserve et enfin Sous Lieutenant active ce qui est exemplaire pour la Résistance. Merci de Lattre.
ÉPISODE DE LA LIBÉRATION D’OULLINS - 69
Le 27 août 1944, au lever du jour, les maquis de la vallée d’Azergues se rassemblent avec pour objectif la libération de la ville d’Oullins dernier obstacle avant Lyon afin de se porter sur les ponts de la Saône de façon à empêcher leur destruction par les allemands battant en retraite.
J’étais moi-même aspirant F.F.I., portant le nom de Charles Lavigère, sous les ordres de Raymond PERINETTI (pseudo colonel Brun) chef du maquis F.T.P.F. cantonné dans les fermes dominant le village de Chamelet.
Ayant laissé nos véhicules à l’entrée Nord d’Oullins près de Lyon, c’est à pied avec un brassard F.T.P. sur le bras gauche que je fis mon entrée dans Oullins à la tête de ma section. Certains habitants nous applaudissent, d’autres craignant des représailles fermaient portes et fenêtres.
Je reçus l’ordre de me rendre aux ateliers S.N.C.F. d’Oullins, avec pour mission de rendre inutilisables les voies ferrées, empêchant ainsi la circulation des trains allemands venant de la gare de Lyon-Perrache.
Cette mission terminée, je rejoignis avec mon groupe le PC installé par le colonel BRUN dans l’Hôtel de ville d’Oullins.
Mon chef de maquis ayant été informé qu’un détachement allemand s’était replié en abandonnant des armes et des munitions dans une villa, je reçus l’ordre d’aller récupérer ce matériel.
Arrivés au carrefour des aqueducs de Beaunant, notre voiture est prise sous le feu des soldats allemands embusqués dans les fossés. Notre camarade Henri REVY (pseudo Guidet) âgé de 24 ans et père de famille est tué au volant de la traction alors qu’il tentait désespérément de nous sauver de cette dramatique situation, mon camarade Lucien MANISSOL est également touché et reçoit 7 éclats dans le dos.
Nous sortons du véhicule en feu, MANISSOL parvient à se cacher dans une maison voisine et, tandis que je pars en courant, je suis fauché par une balle de « mauser » qui me transperce le mollet gauche.
Fais prisonnier je suis transporté au fort de Sainte-Foy-Lès-Lyon où je retrouve mon camarade MANISSOL prisonnier comme moi et le torse couvert de bandages.
Le lendemain, nous sommes interrogés par le commandant allemand du fort qui nous apprend que nous seront traités comme prisonniers de guerre. Lors de notre transfert sous escorte par la Croix Rouge vers l’hôpital de Desgenettes à Lyon, le convoi est intercepté par nos camarades non loin du fort que nous venions de quitter. Le chauffeur de l’ambulance profitant de la confusion nous conduit à la clinique de Sainte-Foy-Lès-Lyon où nous serons opérés et cachés.
Cité à l’Ordre de la Division, mon camarade et moi-même avons été décorés de la Croix de Guerre avec Etoile d’Argent sur la place Bellecour à Lyon par le Général DESCOURS.
Henri REVY est cité à l’ordre du Corps d’Armée à titre posthume, la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil lui est attribuée. A Sainte-Foy-Lès-Lyon (lieu dit Aqueducs de Beaunant) une plaque commémorative est apposée sur les lieux du drame et une place de cette commune porte son nom. Ce n’est que 65 ans plus tard, qu’avec beaucoup d’émotion, les aléas de la vie m’ont permis de retrouver son fils André REVY.
A propos de Henri REVY :
Nous remercions l’association L’ARAIRE de Messimy (69) qui nous autorise à publier cet article parut dans sa revue de JUIN 2004.
Revue L’Araire Juin 2004 N° 137
Chronique de la libération de la vallée de Beaunant, pages 37 à 48
par Pierre VIOLAY
En quelques tableaux concrets et saisissants, l’auteur, curé de ND de Beaunant, retrace les événements liés au passage de l’armée allemande dans la vallée de Beaunant, du 27 août au 3 septembre 1944.
Le souvenir du Magnificat final évoque la joie de la Libération.
Lors des funérailles de Henri REVY, le 19 septembre 1944 à Chatillon d’Azergues un détachement du 1er régiment du Rhône lui rendait honneur.
Cette photo nous est remise par son fils.
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